Fermiers
Dans une habitation de fermiers, c’est au moins 3 générations qui vivent ensemble. Chacune a sa place et sa fonction. Aux repas et à la soirée, ils se retrouvent dans la cuisine, la seule place chauffée de la maison. C’est l’endroit où se forge l’esprit de famille. Léon et Clotilde, les grands-parents aident comme ils le peuvent encore, surveillant et gâtant leurs petits-enfants, Séraphin, Eugénie et Philomène. Pendant ce temps, les parents, Théodule et Euphrasie, font les travaux de la ferme. Parfois le silence s’installe dans cette grande pièce où l’on entend plus que le ronflement de la plate buse et le tic-tac de l’horloge. Les murs sont garnis d’objets utilitaires, moulin à café, bassine, fer à gaufres, étagères. Au plafond pend le jambon à côté de la lampe électrique. Sous la fenêtre se trouve l’évier avec sa pompe. Le tout sous la protection d’un vieux crucifix qui trône au-dessus de la cheminée depuis des générations.
Cultivateur
Tout le monde est cultivateur au village à part le curé et l’instituteur qui avec le bourgmestre dirigent la commune. Fernand a une petite ferme, cultive et fait de l’élevage. Il est aidé par son épouse et ses enfants en âge de travailler. S’il manque de personnel, il sait que ses voisins sont là. Il leur revaudra cela à l’occasion. Son ami le plus fidèle et indispensable est le cheval sans lequel il ne sait pas faire grand-chose. Au début de la Belgique (1830), dans nos contrées, on travaillait encore presque comme au Moyen-âge. La plupart des outils étaient en bois avec le minimum de fer. Au cours des saisons, le cultivateur utilisait l’araire et la herse. Il semait les grains et les rares engrais à la main. Il fauchait à la faux, battait au fléau et vannait au tarare. Il portait sa récolte au moulin et en recevait de la farine. Mais il y avait aussi le foin, les plantations de betteraves, de pommes de terre et parfois de tabacs. Tout cela se faisait manuellement. Rien de comparable avec ce que nous connaissons. Toutes les maisons avaient leur jardin potager où les ménagères semaient et plantaient les légumes nécessaires à l’alimentation de la famille. Celle-ci pouvait vivre de nombreux mois en autonomie totale car elle possédait tout le nécessaire pour s’alimenter sans rien acheter
Batteur de faux
La saison des foins est revenue. Là dans le bas du village, il est encore tôt et Fulgence siffle déjà un air qui met de bonne humeur. Il retrouve sa vieille faux pendue à la grange depuis bientôt une année. Aujourd’hui, il décide de commencer la fenaison et c’est le matin à la rosée que l’herbe se coupe le mieux. Son outil doit couper, il démonte la lame de son manche, puis il s’installe par terre sur de la paille. Il plante sa petite enclume dans le sol, y place la lame et la martèle pour l’aplatir et reconstitue le biseau du taillant. Il affine à la pierre bleue. Quand il juge que son outil est à point, il part faucher une parcelle de foin dans les prés sous le moulin. Il avance un pied après l’autre, balançant son outil de la droite vers la gauche, toujours au même rythme. Régulièrement, il tend la main vers le coffin (buhet) pendu à l’arrière de son pantalon, saisit la pierre bleue qui y trempe dans du vinaigre et réaffute sa lame. Puis il repart lentement dirait-on, mais il garde son rythme jusqu’au coucher du soleil.
Instituteur
Thibault est fier de son métier, c’est lui qui apprend la vie aux enfants du village. Oh les élèves n’ont pas grand matériel, une ardoise, une touche et un cahier où l’on écrit à la plume. Apolline, Marcelyne, Léon, Urbain, Berthe, Emma et Zélie sont assis sur leur petit banc de bois. Ils sont attentifs aux paroles du maître qui explique, baguette à la main, la correction d’une dictée inscrite au tableau noir. Le local de la petite école est orné d’un crucifix et la journée commence par la prière. Le portrait de nos souverains est également bien en évidence. Sur des étagères, le globe terrestre, la chaîne d’arpenteur et les volumes de tous genres sont installés. Le tableau du système métrique occupe à lui seul tout un pan de mur. Il faut en retenir des choses : les tables de multiplications, les conjugaisons, la géographie et l’histoire de la Belgique. Et puis ces pages d’écriture qu’il faut presque calligraphier ? Il y a une récréation par demi-journée. Le jeudi et le samedi après midi, c’est congé. Il y a aussi les classes promenade très instructives et une excursion chaque année. C’est souvent Han-sur-Lesse, Waterloo ou le zoo d’Anvers. Les filles ont des cours de couture et les garçons d’agriculture. Tous sont ainsi préparés s’ils reprennent le métier de leurs parents. Après 6 ou 7 années, ces écoliers ont acquis un bagage suffisant. Certains peuvent même poursuivre des études à la ville toute proche si la situation des parents le permet. Chacun garde pour toujours un souvenir émouvant de sa petite école, de son maître, de ses condisciples…
Abbé
La vie c’est aussi la mort et elle n’épargne personne ? C’est toute la paroisse qui souffre, car un village, c’est aussi une famille. Il n’y a que la religion catholique, celui qui ne l’est pas est montré du doigt. Monsieur le curé est l’homme que l’on écoute « aveuglément ». Ce qu’il dit est évangile surtout pour la gent féminine. Il faut dire que la religion accompagne tous les âges de la vie avec ses sacrements, ses fêtes, ses rites. Un décès dans un village, cela concerne tout le monde car chacun se connait. La nouvelle se propage comme une traînée de poudre. Le défunt est installé sur une table dans la belle pièce quelque peu arrangée. A ses pieds, un buis que l’on trempe dans de l’eau bénite pour tracer un signe de croix en signe de respect. Toute la population défile pour « venir dire son chapelet ». Le mort est veillé et le cercueil est fermé que peu de temps avant l’enterrement. Ici, l’abbé Hanoul est venu prier avec son enfant de chœur, Ferdinand. Il réconforte Anabelle et son fils Théodore. C’est un mari, un papa qui est parti pour le grand voyage. Tous les villageois (au moins un par famille) assistent aux funérailles. Chacun en revient avec un souvenir qu’il place dans son missel. La famille porte le deuil, s’habille de noir et s’abstient de toutes réjouissances pendant plusieurs semaines. Anabelle fait dire une messe de trentaine et une autre d’année…
Coiffeur
Chaque village a son coiffeur « amateur ». Certains ont appris à l’armée ? L’opération se passe sur une chaise dans sa cuisine et contre une maigre rétribution. Pour les femmes, elles s’arrangent le plus souvent entre elles. C’est ensuite devenu une profession à part entière. Marius en a fait son métier et coiffe Firmin, un jeune garçon qui n’arrête pas de remuer. Tantôt, il recevra Monsieur le Maire et il lui coupera aussi la barbe. Le matériel est simple, un peigne, une paire de ciseaux, une petite tondeuse et un rasoir. Il manie le blaireau à la perfection et vous barbouille le visage tout en animant la conversation. Il sait toujours toutes les nouvelles du canton, cependant, il en apprend encore chaque jour et les répète aussi. C’est un homme agréable qui ne demande qu’à vous revoir. Il ne vous coupe donc pas les cheveux trop courts sauf si vous insistez.
Ramoneur
Fini le temps où les petits ramoneurs savoyards entrent dans les cheminées. Célestin va cependant toujours de portes à portes pour trouver du travail. Il porte tout son matériel, une lampe pour éclairer le conduit, un hérisson, une corde lestée d’un poids qu’il fait descendre du haut de la cheminée. Il est très agile et n’a peur de rien. Il monte sur le toit ou au grenier si une trappe a été prévue. Il retire la suie en bas par une autre ouverture ou par le feu ouvert. Là, il doit prendre ses précautions ? Sa carte de visite, il ne doit pas salir la maison où il travaille. Par contre, Célestin le sait, lui, il est bien noir au bout de la journée.
Vitrier
Théodule coupe et pose les vitres. Son attirail est simple, il a un portoir fait de lattes en bois avec au bas, une boite à outils. Elle contient un marteau, un coupe-verre, des clous, du mastic et une réglette. C’est son matériel de réparations. Il est un peu menuisier et sait réparer le cadre des fenêtres. Dans ce cas, il utilise une petite charrette à chien. C’est un homme méticuleux qui est souvent pressé car les clients n’aiment pas attendre quand ils sont en plein courant d’air.
Appiculteur
Edmond a construit ses ruches au bout de son jardin. Il prend soin de sa colonie d’abeilles qu’il n’oublie pas de renouveler régulièrement. Elles lui donnent un bon miel qu’il récolte au moyen de cadres. Pour l’extraire il le laisse couler ou il utilise un extracteur centrifuge. Avec sa récolte, il remplit de délicieux pots parfumés et aussi de la gelée royale. Il essaye également de s’investir dans des produits dérivés comme la bière, les tisanes, les chocolats en pâte, etc. Le miel adoucit et est recommandé pour les maux de gorge. Dans son atelier il a des objets bizarres comme un attrape-bourdon métallique ? Aurait-il peur des piqûres ? Il est cependant équipé quand il rend visite à ses « mouches ».
Organiste
Basile est payé par la fabrique d’église et est tenu de jouer de son instrument à toutes les messes chantées. Anciennement, il trônait au jubé avec un orgue, mais les temps changent et maintenant il est redescendu près du chœur où il joue de l’harmonium. La chorale n’est pas loin et ainsi tous sont regroupés autour de l’autel. En fait, ce sont toujours les mêmes airs et il n’a plus besoin de partition. Parfois, une petite fausse note brise le recueillement de l’endroit et fait discrètement sourire l’assemblée. Ses jours de gloire sont les fêtes patriotiques où il interprète solennellement la Brabançonne. Le Minuit Chrétien à Noël et la Marche Nuptiale lors des mariages sont aussi très appréciés. A Pâques, pendant que les cloches vont à Rome, Basile ne se manifeste pas.
Lavandière
Clémentine et Mélanie n’y vont plus car le progrès est arrivé ? C’est d’ailleurs le centre des cancans du village. Les premières machines à laver sont là. Ce sont de grandes cuves de cuivre ou même de bois avec un bras tournant au centre que l’on actionne pour bien remuer le linge. Nos lavandières ont au préalable chauffé de l’eau dans de grandes bassines où elles ont placé leurs linges et vêtements. Après le passage à la machine, elles rincent et essorent. Il faut s’y mettre à deux parfois pour tordre les linges. Il y a cependant des petites machines à rouleaux qui pressent mais ce sont pour les plus riches ? Ensuite elles mettent sécher parfois sur une haie ou sur un fil avec des pinces. Les draps blancs sont étendus sur un pré et arrosés pour blanchir au soleil. C’est mettre à la remouille.
Fileuse
Encore un métier bien féminin qui a disparu. Célestine carde (étire) ou peigne la filasse. Elle se sert d’une quenouille chargée de la laine de mouton ou de chanvre. Elle tient celle-ci d’une main et de l’autre elle tire et tord la filasse qui se transforme en fil et s’enroule autour d’un fuseau. Ce système a l’avantage de lui permettre de se déplacer en travaillant. Gilberte a choisi le rouet à pédale ou la bobine remplace le fuseau. Quand celle-ci est chargée, elle la dévide pour former des écheveaux. La fileuse peut alors laver et teindre la laine, si elle le veut.
Fileuse
Encore un métier bien féminin qui a disparu. Célestine carde (étire) ou peigne la filasse. Elle se sert d’une quenouille chargée de la laine de mouton ou de chanvre. Elle tient celle-ci d’une main et de l’autre elle tire et tord la filasse qui se transforme en fil et s’enroule autour d’un fuseau. Ce système a l’avantage de lui permettre de se déplacer en travaillant. Gilberte a choisi le rouet à pédale ou la bobine remplace le fuseau. Quand celle-ci est chargée, elle la dévide pour former des écheveaux. La fileuse peut alors laver et teindre la laine, si elle le veut.
Tricoteuse
Ce n’est pas un métier mais une occupation qui est faite à la veillée tout en parlant, quand il n’y a rien d’autre à faire. Il suffit de deux aiguilles, parfois trois et hop, la tricoteuse vous fait machinalement des tricots, des moufles, des bonnets bien précieux quand l’hiver arrive. Jadis, grand-maman est contente de mettre ses lainages dans la hotte du père Noël ou de Saint Nicolas. Les jeunes femmes ont actuellement délaissé les aiguilles. Dans son petit magasin, Florentine a décidé de continuer cette activité. Elle a des laines de toutes les couleurs, de grands livres avec différents modèles et la façon de les réaliser. C’est une « professionnelle » qui ne connaît pas encore la machine qui lui facilitera beaucoup la besogne.
Ravaudeuse
Presque toutes les femmes savent coudre, tricoter. N’y a-t-il pas des cours pour les filles à l’école primaire où elles apprennent l’essentiel pour tenir un ménage ? Dans chaque maison déjà avant la deuxième guerre, il y avait une machine à coudre à pédalier. Il y eut bien sûr des couturières de profession. Elles cherchent souvent du travail en ville. Albertine est de celles-là. Elle sait vous faire des travaux assez perfectionnés, pas à la portée de toutes, comme des vêtements sur mesure. Ses principales occupations sont les réparations. Elle se rend aussi à domicile et met un point d’honneur à reporter ses réparations le plus tôt possible car le client est toujours exigeant. Quant elle se rend au marché en poussant sa charrette, elle emporte avec elle de nombreuses pièces de tissus dans lesquelles, elle peut tailler de jolies robes, bref, de quoi tenter les élégantes.
Forgeron
Deux éléments sont indispensables au forgeron. Il a bien sûr le foyer alimenté au charbon et surmonté d’une hotte, mais l’élément important est la grosse enclume qui trône au milieu de sa forge. Ferdinand sait tout faire, il donne au fer et à l’acier la forme qu’il veut. Il est indispensable aux cultivateurs dont il sait réparer tous les outils et toutes les machines. Il fait aussi de la ferronnerie. Ses coups de marteaux sont entendus au loin ainsi on pourrait presque savoir s’il est de bonne humeur ? Son atelier bien chauffé se remplit régulièrement de gens pressés de récupérer leurs outils. Ferdinand peut engager une conversation tout en martelant le fer. Il est aussi maréchal-ferrant. Dans son travail (structure en bois dans laquelle le cheval est placé) situé au dehors, il ferre les gros chevaux de labour. Une fois par semaine, avec son ami le charron, il va cercler des roues de bois près de la fontaine du village.
Cloutier
Arthur comme tous les cloutiers travaille dans un petit appentis transformé en forge. Il fabrique des clous à partir de longues tiges de fer qu’il recoupe à longueur. Dans le foyer au feu de charbon, il chauffe au rouge ses petits morceaux de fer. Une roue à chien où un apprenti actionne le soufflet. C’est dans un bloc de fonte encastré dans un morceau de bois qu’il dépose la matière devenue malléable. Il ne reste plus qu’à aplatir car le clou y a pris sa forme. La fabrication de grands clous de plus de 10 cm, nécessite un forgeage particulier. Arthur répétera ce travail à longueur de journée. Il manipule principalement la petite enclume, le marteau (à pédale) et les pinces de toutes sortes.
Dinandier
Edmond travaille le cuivre, l’étain et parfois le fer-blanc. Au départ d’une feuille de métal, il fabrique, casseroles, pots, plateaux, chandeliers, crucifix, enfin le plus souvent des objets de petites et moyennes tailles. Ses outils principaux sont l’enclume, le burin, toutes sortes de marteaux, des pinces et aussi des moules. Sa spécialité, ce sont des motifs décoratifs dont il orne ses réalisations. Edmond sait aussi réparer la plupart des objets ménagers. C’est un artiste.
Ferblantier
Félicien travaille la tôle, le fer-blanc, c’est en réalité du fer étamé pour le protéger de la corrosion. C’est qu’il fabrique tous les objets de cuisine, alors c’est une question d’hygiène. Ses outils sont fort semblables à ceux du dinandier : des cisailles, des pinces, des tenailles, des marteaux. Il travaille aussi sur sa petite enclume toute fine qui lui permet de couper et de plier la tôle. Il assemble par soudure. Il peut fabriquer des casseroles, des arrosoirs, des cruches, comme aussi des petits bidons et des poêles que le bûcheron met sur la braise quand il travaille en forêt. Sa spécialité est la fabrication de grandes bassines dans lesquelles les enfants prendront leur bain le samedi soir.
Marchand de vélos
Il ne les fabrique pas, mais il les répare. Les premiers avaient des roues en bois cerclées et, inégales, Il fallait être quelque peu équilibriste pour s’en servir. La selle était située au-dessus de la grande roue sur laquelle on pédalait directement. Les techniques ont évolué et ces anciens modèles ne sont plus là que pour décorer sa vitrine. Lui, il vend de bons et solides vélos tels que les années 1950 ont connus. Il sait vous les réparer et les entretenir en un tour de main. Un pneu crevé, une jante voilée, des freins usés, pour lui ce n’est pas un problème. En prime, il donnera même un coup de burette sur votre chaîne.
Plombier
Octave est le spécialiste des canalisations. Il scie ses tuyaux à longueur, les évase à la toupie pour les emboîter, les souder à l’étain avec sa lampe. Pour faire ses courbes, il utilise un chapelet de boules de bois. Après avoir chauffé le tuyau, il l’introduit dans le tube qu’il courbe en le tapant avec une batte. Ainsi il n’a pas de pincements. Pour fixer ses robinets, il fait ses filets au peigne à fileter. Pour maintenir ses tuyaux, il utilise différentes sortes de clés (à écrous, à molette…). Il est souvent devenu zingueur et travaille les corniches et les descentes d’eau.
Rémouleur
Emile est rémouleur ambulant. Il va de villages en villages, de maisons en maisons, proposant ses services à qui les veut. Il a un petit triporteur qu’il pousse et sur lequel est installée sa meule à pédalier. Sa venue dans le village ne passe pas inaperçue, car il crie sa rengaine habituelle. On connaît sa voix ? Il aiguise couteaux, ciseaux, haches, serpes, enfin tout ce qui doit couper. Maintenant il travaille plutôt à domicile et a ajouté un moteur électrique à sa meule. Son efficacité, c’est son secret.
Forestier
Le métier de Roland, c’est la régulation des essences forestières. Il surveille aussi tous ceux qui travaillent dans son triage. Gare à celui qui ne respecte pas le règlement. Il connaît chaque coin de sa forêt. Il porte l’uniforme et le fusil mais aussi une paire de jumelles, une carnassière et un cor de chasse. Roland rencontre beaucoup de monde, tantôt ce sont des bûcherons ou un tendeur de grives, tantôt des promeneurs, un garde-chasse, des braconniers peut-être. Tous font partie de son univers. Il ne se lasse jamais de sa forêt si belle et peuplée d’animaux de toutes sortes : sangliers, cerfs, chevreuils, lapins, lièvres, etc. Chaque saison lui offre un décor différent et somptueux. C’est un homme silencieux qui aime la nature et la protège. Il fête chaque année la Saint Hubert au début de novembre.
Tendeur de grives
Théophile rentre de sa tournée. Pas fameux, seulement quelques grives dans son panier, mais c’est l’ouverture. Il s’est cependant donné bien du mal pour mettre ses laces. C’est tout un travail. Il a d’abord dû tracer un sentier sinueux dans un bois de taillis assez fourni. Avec son fer à tendre, il a fixé ses « ployettes » (petits tiges de bois souples) sous l’écorce des arbustes. Il faut veiller à les espacer de 6 à 7 m au moins. Le piège est constitué d’un nœud coulant fait avec du crin de queue de cheval. L’appât est une petite grappe de sorbe que la grive ne peut manger qu’en passant sa tête dans le nœud. Alors ? Dans son panier, il récolte ses prises chaque jour, en espérant toujours mieux bien sûr.
Fabricant de balais
Léopold fabrique des balais. Ne croyez pas que ce soit si simple que cela ? Il faut savoir où et quand s’approvisionner. A l’automne, il parcourt la forêt et marchande avec les bûcherons qui abattent leur part d’affouage. Il achète les bouts de branches de bouleaux car tout est utilisé dans l’arbre. Rentré chez lui, dans son appentis, il recoupe les bouts de tiges à bonne longueur. Selon la grosseur qu’il veut donner à son balai, il regroupe ses ramilles. Il les comprime ensuite entre les crochets d’une « presse » bien fixée sur un établi. Il les lie en trois endroits du côté le plus fort des tiges. Pour cela, il utilise soit de fines écorces de coudriers (chinons) ou même du fil de fer assez léger. Il s’est aussi fourni en manches qu’il effile d’un côté et qu’il devra entrer au milieu de son petit « fagot ». Il les vend sur les marchés où il se rend avec sa hotte bien remplie. L’assemblage se fait parfois sur place. Il sait que ses balais ne sont pas éternels car ils s’usent assez rapidement. C’est somme toute une bonne affaire.
Frabricant de manches
Tous les gens d’Ardenne et autres savent faire un manche. C’est en forêt qu’on va le choisir. Le coudrier est choisi mais aussi des bois plus nobles comme le chêne, le charme, le hêtre. Ensuite, il est pelé, lissé pour qu’il ne blesse pas. Parfois le bois est courbe. Il est bien sûr différent selon l’outil qu’il emmanchera : pioche, pelle, hache, râteau, pelle. Germain se dit professionnel. Il ne travaille pas autrement, disons qu’il est un peu mieux outillé. Il les cale sur un banc spécial qui fait étau et le dégrossit à la plane. Il les finit au papier de verre. Le manche s’adapte sur l’outil uniquement par serrage ou au moyen d’un clou. Il fabrique les petits manches pour les marteaux, truelles et outils de tous genres. Pour les moins valides, il fabrique de belles cannes sur lesquelles on peut s’appuyer sans crainte.
Scieur de bois
Avant l’arrivée des tronçonneuses, chacun abat sa part de bois à la hache et l’ébranche à la serpe. Les bûches sciées à la longueur d’un mètre à la grande scie « recèpe », elles sont refendues à l’aide de coins et d’une masse. Mises en tas dans la forêt pendant quelques temps, elles sont amenées aux abords des maisons après l’hiver. Elles y sèchent pendant au moins deux ans. Ensuite, Augustin comme chaque villageois intervient pour les scier en morceaux plus courts qui alimentent le poêle ou la plate-buse. Il travaille machinalement au grand air ou dans son hangar. Il place sa bûche sur un chevalet (gatte) pour la caler puis il actionne sa scie d’une main tandis que l’autre la maintient fortement. Il est bien content de faire une petite halte quand un passant lui offre la conversation. Il ne perd rien et à la fin de sa journée, il récolte la sciure qui sert à fumer les jambons dans la grande cheminée. La scie circulaire a supprimé ce travail bien fastidieux.
Fabricant de paniers
Avant l’hiver, Vital récolte sa matière première dans la forêt. C’est là qu’il coupe des jeunes coudriers avec lesquels il fait tout son panier. Tout d’abord, il prélève les chinons (fines lanières d’écorce) qui remplissent l’ossature de ses paniers. C’est tout un art de séparer les petites languettes d’écorce du coudrier. Le panier est démarré par une petite incision au couteau et poursuivi en pliant la baguette régulièrement sur son genou. Les languettes sont parfois pelées (blanchies). Les bois restants sont ensuite mis à mesure, taillés, amincis, cintrés et assemblés pour constituer la structure. Pour terminer, Vital faufile ses chinons en alternance entre les bois de la carcasse. Travail de patience s’il en est. Il fait aussi des mannes, des hottes, des claies. Il ne lui faut pas grand outillage. C’est une occupation que les paysans font pendant les longues soirées d’hiver au coin du feu.
Menuisier
Albert travaille le bois avec précision. Son atelier, rempli de copeaux, comporte de nombreuses étagères avec toutes sortes de clous. C’est sur son établi qu’il rabote, scie, fait tenons et mortaises. Les anciens assemblages de meubles ne sont jamais cloués, mais les temps ont changé. C’est le spécialiste des portes, des fenêtres et des escaliers, mais il peut vous faire des barrières, des échelles, des bahuts… Albert répare tout ce qui est en bois. Ses outils sont la plane, le rabot, la varlope, la scie, le ciseau et le marteau. Il trace au compas, mesure au mètre. Il a souvent ses lunettes sur le front. De toute façon, elles sont tellement poussiéreuses qu’il ne voit plus à travers ? Parfois, il les rabaisse, les frotte avec ses doigts et prend des notes sur un grand carnet qui lui sert pour la comptabilité. A l’occasion, il peut faire des boules et des quilles ce qui est très demandé pour animer les kermesses. Son jeune apprenti ne le quitte pas des yeux. Dans quelques années, il devra reprendre le métier.
Sabotier
Adelin travaille parfois en forêt avec des compagnons et loge dans une hutte. Il préfère cependant son atelier surtout quand l’hiver revient. Le bouleau est sa matière préférée mais pas exclusive. Son premier travail est de débiter les bûches en morceaux d’une trentaine de cm. Il les travaille alors sur un petit établi, un billot. Après un dégrossissage extérieur à l’épaule de mouton, il fait ses ébauches à la plane ou à l’herminette, il creuse et évide avec le boutoir, la rouane et la cuillère. Pour parachever sa forme et faire le talon, il utilise encore le paroir. C’est une lame tranchante fixée d’un côté à l’établi ce qui lui donne beaucoup de force pour faire les contours extérieurs. Il utilise un peu les mêmes outils que le tonnelier.
Tonnelier
Georges fabrique essentiellement des tonneaux en chêne. Pour donner leur courbure aux planches, il utilise une épaule de mouton. Les deux fonds sont plats et biseautés vers l’intérieur. Ils s’introduisent dans une rainure creusée dans les planches latérales arrangées en cercle. L’assemblage se fait au moyen de cerceaux de fer. Une fois, l’étanchéité assurée par trempage et séchage, il resserre encore ses cercles. Il ne reste plus que l’alésage du trou de bonde. Son activité peut s’étendre à la fabrication de saloirs et de baquets pour le trempage du linge. Sa profession utilise des outils particuliers comme l’herminette (hache dont le tranchant est perpendiculaire au manche), la queue d’hirondelle pour dégrossir, le jabloir pour les rainures, la plane pour amincir, le rabot pour bien lisser et le compas (rouanne) pour le traçage.
Tanneur
Théophile travaille à partir des peaux de bêtes (des ovins principalement). Il doit nettoyer le côté chair (décharner) et en retirer les morceaux de graisses qui y adhèrent. Ces déchets servent à fabriquer du savon. Le côté laine, il le débarrasse aussi de toutes impuretés. Il doit bien souvent tremper ses peaux dans des bains corrosifs. Une fois bien nettes, elles sont tannées et placées dans des bains de tan (poudre faite le plus souvent à base d’écorces de chênes broyées) qui les transforment en cuir.
Cordonnier
Christian fait des chaussures en cuir. Il travaille sur un banc. Cependant, il préfère un pied métallique où il sait fixer différentes formes. Il découpe les empeignes au tranchet, s’occupe des semelles, des talons, etc. Il cloue ou coud les différents morceaux après les avoir percés avec une alène. Pour calibrer sa pointure il dispose d’un compas spécial. Avec le temps, il a acquis une machine à coudre, actionnée au pied et des trancheuses qui lui facilitent le travail. Pour rendre ses chaussures plus jolies, il y imprime des marques décoratives avec une roulette. Après la dernière guerre, il a bien dû se résoudre à utiliser d’autres matières que l’on dit moins nobles, mais aussi moins chères.
Bourrelier
Arthur fait entièrement toutes sortes d’objets principalement en cuir. Il aime sentir cette matière souple et odorante sous ses doigts. D’abord, il faut mettre le cuir à bonne épaisseur avec son couteau à refendre ou le paroir. Les mieux équipés ont parfois une machine. Il entaille le cuir avec son couteau coupant comme un rasoir, pour prélever la forme de sa pièce. Il troue les bords avec une alène (poinçon) pour l’assembler par couture au moyen d’une grosse aiguille. Il le fait à la main ou avec une machine à coudre. A sa disposition, il a de nombreux outils pour découper, percer, affiner : l’emporte–pièce, la pince à perforer, le lissoir, la presse à cuir et la forme à colliers. Ce métier est très prisé avant que les chevaux de trait ne soient remplacés par les tracteurs. En effet, il consiste principalement à la fabrication de pièces de harnais : selles, brides, mors, etc. Le bourrelier peut aussi fabriquer des sièges en cuir, des carnassières, des sacs, des sangles. Il se fournit dans les tanneries.
Boulanger
Fini le four individuel. Faire le pain est devenu un métier à part entière, réservé à des spécialistes. Chacun y trouve son compte et tout doucement, Gabriel, le boulanger est devenu un homme important non seulement au village mais aussi aux alentours. Cela bien sûr nécessite un équipement de qualité : four, pétrin, maie, moules, balance de précision. Le pétrissage encore manuel, le dosage et la qualité des constituants, font la particularité de son pain. C’est Gabriel qui cuit, enfourne et défourne. Son apprenti aide, prépare, range et prépare la tournée qu’il fera avec un triporteur dans les villages avoisinants. Il fait chaud et bon vivre dans l’atelier. Une senteur de pain frais y règne en permanence. L’apporter dans les chaumières est l’occasion d’un contact chaleureux avec les clients. Pour la farine, il va s’approvisionner au moulin le plus proche.
Boucher
Florentin est charcutier. Il sélectionne ses bêtes qu’il conduit lui-même à l’abattoir. C’est le règlement. Il découpe dans un local derrière son magasin. Il manipule bien sûr des hachoirs et toute une panoplie de couteaux bien aiguisés. Il fait du bio et s’il est reconnu, sûr qu’il fera fortune ? Lui aussi tourne dans les villages. Il transporte sa viande bien emballée dans un grand panier de coudrier recouvert d’une serviette à carreaux. Il rivalise actuellement parfois difficilement avec les grandes surfaces. Comme le boulanger, c’est devenu un métier de spécialistes avec des normes très strictes. Fulgence, son apprenti fait souvent de petites courses pour aller servir un client, mais il veille à bien apprendre son métier.
Ménagère
Quatre villageoises sont montées au bourg voisin pour vendre les produits de leur ferme. Joséphine, avec sa brouette, apporte des légumes tout frais de son jardin. Elle les pèse avec sa bascule à plateaux de cuivre. Elisabeth propose ses œufs du jour, mais elle peut vous vendre aussi une poule ou un lapin ? Gertrude, elle, a l’œil à tout et surtout à sa bourse car c’est elle qui tient les comptes. Félicie pour passer le temps, « grille » (torréfie) son café en tournant lentement la manivelle de son grilloir (cylindre en tôle) chauffé au charbon. Un arôme merveilleux et chaud se répand dans l’air ambiant. La matinée semble courte car les langues vont bon rain.
Marchande de beurre
Faire son beurre n’est pas aussi simple que cela. Le faire c’est bien mais le vendre c’est mieux ? Simone doit d’abord écrémer son lait, puis après maturation, elle sépare le babeurre (petit lait) du beurre dans une baratte (malaxeur). Elle le lave et le met en motte. Elle coupe sa masse au fil de cuivre ou de laiton. Finalement elle en remplit un moule en bois qui en décore l’extérieur, avant de l’emballer. Chaque portion est évidement bien pesée. C’est parfois une machine qui calibre et coupe le beurre.
Laitière
Dans les grandes fermes, il faut vendre sa production. Le lait ne sert pas qu’à faire du beurre et il est vendu à ceux qui n’ont pas. Certains clients viennent le chercher le matin quand il est tout frais, avec une petite « chaudronnette » (petite cruche métallique). C’est une promenade et l’occasion de discuter. Hauriette part aussi en tournée et se déplace avec une petite charrette aux roues de bois cerclées de fer et tirée par un âne. Sa marchandise remplit plusieurs grands bidons métalliques. Son âne connaît ses arrêts aussi bien qu’elle. A chaque station, la conversation s’engage sur tout et sur rien, pendant qu’elle puise son lait et vous fournit la quantité demandée avec une petite mesure calibrée. Elle ne regarde cependant pas à un centilitre. Le contact avec la clientèle, c’est sa façon de la garder. Comme partout, ce métier demande d’autres débouchés. La laitière essaye de fabriquer des fromages et d’autres produits comme les crèmes glacées.
Porteur de marchandises
Jules est portefaix et pour cela, utilise un « joug » (bât, croc, goria) posé sur ses épaules. De chaque côté pendent deux chaînes munies de crochets, auxquels sont suspendus plateaux ou paniers. C’est là qu’il place sa marchandise. Il vient surtout sur les marchés où il sait que l’on a besoin de ses services. Il est de fait très serviable et si vous lui achetez ses fruits et légumes, il vous les portera chez vous si ce n’est pas trop loin. Il sait aller partout même où il n’y a pas de chemin. Il répartit la charge de chaque côté pour ne pas se déséquilibrer. C’est un transport très localisé qui a bien vite remplacé. Ce n’est jamais un métier à part entière.
Cireuse de chaussures
Les gens de « chez nous » n’ont pas l’habitude de gaspiller. Donc la meilleure façon de conserver ses affaires, c’est l’entretien. Dans ce petit magasin, Elisa recueille des sacs et des chaussures qu’elle va remettre en état. Flore, elle, vend du cirage et cire aussi à l’occasion les souliers. Edouard est un homme de la ville, bien habillé, qui n’a pas l’habitude de sortir négligé, alors il profite de ce petit service pour rester propre malgré la poussière du chemin. De temps à autre, Elisa tente sa chance au marché ou à la ville. Elle ne ménage pas sa peine.
Joueur d’orgue de barbarie
C’est le jour du marché, Arsène s’installe entre deux échoppes et tourne inlassablement à la manivelle de son petit orgue portatif. Ce sont toujours les mêmes ritournelles qui reviennent au milieu des cris et des annonces des camelots. Il met un point d’honneur à passer les airs à la mode. Sans lui l’ambiance est bien monotone. Quelques pièces de monnaie tombent dans sa sébile. Il remercie en levant son chapeau. On n’est cependant pas certain que cela lui suffit pour vivre. Le lendemain, il reprend la route vers un autre marché en espérant que cela ira mieux… C’est sa vie.
Accordéoniste
Inlassablement assis sur sa chaise, Théodore ouvre et referme son accordéon. C’est le piano (à bretelles) du pauvre dit-on. Il n’est pas sûr qu’il sache lire une note. Cependant, de son instrument, il sort une belle musique qui fait danser les couples dans les bals musette populaires. Il se lève de temps à autre pour se dégourdir un peu les jambes. Nul mieux que lui n’anime les kermesses. Parfois il accompagne une batterie ou même un trompettiste. Une kermesse dure trois jours et Théodore, infatigable, met un point d’honneur à n’en manquer aucun. Tout cela se termine par un tour du village aux petites heures. A la campagne, c’est plutôt une passion qui a été apprise sur le tas.
Mendiant
A votre bon cœur, madame, monsieur. Harold n’a pas été gâté par la vie, il est handicapé. Accompagné de son chien, son ami fidèle, il recherche les lieux fréquentés. On le voit dans les marchés et surtout à la sortie des églises. S’il doit rencontrer des gens charitables, c’est bien là. Sa sébile n’est jamais fort remplie, ce serait mal vu. Harold retire régulièrement les grosses pièces ne laissant que deux ou trois sous. Vers midi, on lui apportera un bol de soupe avec une tartine beurrée. Certains de ses semblables sont d’un abord repoussant ce qui met mal à l’aise les bonnes consciences. Ce sont néanmoins des malheureux.
Guérisseur
Les arracheurs de dents exercent sur les marchés. Tout compte fait, ils font leur travail même si ce n’est pas sans mal pour le patient. Hector est plus sérieux. Il a toute sorte de fioles, de produits dont le patient méfie mais dont il espère aussi beaucoup. Il traite à base de plantes, cela rassure et ne peut faire de mal ? Et puis, quand il a tout essayé, pourquoi pas ? En tous cas, il a la parole facile et vous fait croire n’importe quoi. Il a de la concurrence pour tout ce qui est musculaire. En effet, les rebouteux ont aussi leur succès. Là c’est plus dangereux si on juge aux résultats. Est-ce des médecines tolérées ?
Diseuse de bonne aventure
On n’y croit pas ou peu, mais on va quand même la voir, parfois à la ville voisine pour ne pas être vu. Pensez donc ? Irma vous reçoit gentiment dans une pièce à l’ambiance feutrée. Son allure est grave, mystérieuse, intrigante. Elle bat les cartes, les arrange, allume une bougie comme si elle ne voyait pas bien. Le consultant attend, inquiet se demandant ce qu’elle va dire. Enfin le verdict est là. Oh, elle ne prédit pas de grands bouleversements, juste quelques changements « vraisemblables », mais pas certains car elle met toujours beaucoup de conditions. La suite, lui donne sans doute raison en partie et notre homme retourne chez lui un peu rassuré ou complètement démoralisé. En tous cas, il ne s’en vante pas.
Souffleur de verres
Armand travaille au moyen d’une longue canne creuse à l’aide de laquelle il prélève une quantité voulue de matière en fusion. Par soufflage, il lui donne une forme précise. Après séparation de la canne, l’objet est coupé, modelé et évasé, selon sa destination et sa fonction : bouteilles, vases, gobelets, verres, bocaux, etc.
Planteur de tabac
Son activité commence à la Saint Joseph (19 mars). C’est alors qu’Octave met ses graines à germer dans un bocal sur la cheminée. Après deux ou trois semaines, il les sème dans des « couches » recouvertes de vitres (emplacements encadrés par une petite palissade de bois, remplis de terre brûlée et stérilisée). Lorsque la plante atteint 6 à 7 cm de haut, il la transplante dans un champ. L’espace entre les plants varie de 40 à 60 cm. Le tabac pousse pendant 100 jours. Il faut l’ébourgeonner régulièrement. Coupés, les plants sont mis à sécher dans des hangars. Après plusieurs semaines, ils sont effeuillés. Avec les feuilles, des manoques sont réalisées puis des bottes. Celles-ci restent sur le grenier durant l’hiver et sont vendues au fabricant qui le hache et en fait du tabac pour la pipe, des cigares ou des cigarettes. Nos Ardennais, fumaient rarement la cigarette, c’était plutôt la pipe. Ils chiquaient aussi et conservaient leur tabac dans une blague (vessie de porc séchée). Les femmes ne fumaient pas ce qui n’empêche pas Léontine de prendre une bonne prise sous le regard étonné de la petite Valentine.
Photographe
Attention, le petit oiseau va sortir ! Alphonse et Charlotte attendent sans bouger et rien ne sort jamais de sa boîte à soufflet. C’est qu’il faut garder la pose. Les photos sont faites rarement, juste aux grandes occasions de la vie et encore. Gustin vient parfois dans les villages au moment de renouveler les cartes d’identité. Chacun défile et s’assied sur la chaise installée dans la cour d’un commerçant qui fait une bonne journée lui aussi. Gustin aménage un petit local qu’il appelle sa chambre noire où il développe lui-même, c’est bien sûr du noir et blanc.
Fabricant paniers en paille
Vital fabrique des paniers plats tressés. Mais il est aussi rempailleur et répare le siège des chaises quand ils sont usés. Il utilise la paille de seigle de préférence. Il en fait des tresses qu’il entrelace dans le cadre en bois du siège. Il fabrique aussi des dossiers. Il aplatit ses tiges à la machine, les coupe, les égalise et les coud avec une aiguille spéciale. Bien souvent il répare toute la chaise. Il peut fabriquer des chapeaux, des paniers plats, etc.
Horloger
La vie est tributaire de l’heure et chacun a besoin de la connaître pour que sa journée se passe bien. Joseph vend l’heure, il répare horloges, réveils, montres, etc. Il n’est pas toujours à l’heure pour reporter ses réparations mais il est pardonné pourvu que cela marche. Il travaille avec des outils de grande précision : petit marteau, compas d’épaisseur, très fin tournevis, pinces….. Il a aussi un tour pour fabriquer des pièces très précises. Il rajuste souvent ses lunettes sur son nez car sa vue c’est son trésor. Avec le temps, il a élargi son domaine de vente. Il est devenu bijoutier.
Marchand de parapluies
Ne lui faites pas dire ce qu’il ne veut pas ? Non, Robert ne demande pas qu’il pleuve, mais quand cela arrive, il vous aura prévenu, il fallait acheter un parapluie. C’est principalement un objet indispensable aux femmes quand elles se sont faites belles et qu’elles sont de sortie. Il ne les fabrique cependant pas. Ces parapluies sont délicats et se retournent sans doute par grand vent. En attendant la pluie, ils vous servent de canne si vous ne devez pas les ouvrir. Robert vend aussi des parasols, des ombrelles.
Serrurier
Valère est plutôt vendeur de serrures car ce sont des mécanismes très complexes. Cependant les réparations, c’est son problème. Les clés, il sait les fabriquer, il les travaille à partir d’une lame de fer. Il coupe, trace son profil puis scie et lime pour obtenir un objet unique qui sécurise vos maisons. Il a besoin d’un banc muni d’un étau qui maintient sa pièce pendant qu’il la travaille. Il a aussi une foreuse sur pied qui lui rend de nombreux services. Il est souvent l’homme qui vous vient en aide lorsque vous perdez vos clés. Avec son passe-partout, il sait tout ouvrir. C’est un homme honnête.
Fabricant de chapelets
Alexis dit qu’il vend des « bondieuseries », des statuettes, des médailles, des chapelets. Ceux-ci, il les fait lui-même car ce n’est pas bien compliqué. La composition est stricte : 53 perles pour les aves, 6 pour les paters, un crucifix et une ficelle de nylon. Ensuite il suffit de respecter les espacements et de bien enfiler les perles qui peuvent être en n’importe quelle matière. Les statuettes, souvent en plâtre ou mieux sculptées dans le bois, représentent tous les saints que les artisans aiment avoir dans leur atelier. Si vous lui en acheter une, il vous donne en cadeau la prière qui l’accompagne. Il vend bien sûr le crucifix que chaque famille place au-dessus de la cheminée dans la cuisine ou la belle pièce. Il vous présente aussi toutes sortes de médailles qui vous protégent des dangers qui vous guettent en permanence ?
Sourcier
Cet homme est mystérieux. Gilbert ne sait s’il ne possède pas des pouvoirs magiques. Certains font appel à lui pour découvrir des points d’eau dans la campagne car c’est indispensable au bétail. Avec sa baguette de coudrier qu’il tient à deux mains, il avance vers l’endroit qu’il faudra quelque peu creuser et l’eau jaillira ? Son savoir ne s’arrête pas là, il peut aussi retrouver des objets, des personnes ? Ne dit-on pas qu’il est aussi spécialiste des cœurs en détresse ?
Dentellière
Philomène peut travailler au fuseau ou au crochet. L’élément essentiel est son coussin (tambour) sur lequel est imprimée la dentelle à réaliser. Elle utilise généralement du fil de lin. Elle travaille rapidement en entrecroisant les fils de ses fuseaux. Régulièrement elle pique le fil avec des épingles pour ne pas qu’il se défasse ce qui causerait la perte de beaucoup de travail. C’est une occupation qui requiert de la patience et de l’attention.
Modistes
Julia et Rosalie ont installé leur petit commerce au coin de la rue. Elles vendent toutes sortes de chapeaux, mais il y a chapeau et chapeau. Pour les hommes, il y a le chapeau boule ou haute forme qui fait distingué. Le travailleur, lui, porte plutôt le chapeau de paille qui le protège du soleil et des intempéries. Pour les dames, c’est surtout de la coquetterie. Nos deux vendeuses savent complimenter leurs clientes qui bien sûr feront sensation à la grand-messe le dimanche prochain.
Crieur public
Maurice est garde-champêtre et c’est lui qui « bassine ». Il a pour mission d’annoncer les décisions urgentes prises par le Conseil Communal. Il se déplace à pied avec une sonnette ou tapant sur son tambour. Sur chaque place ou coin de rue, il renouvelle son message qu’il lit s’il est trop long : « Avis à la population…. ». C’est la façon la plus rapide de communiquer, ensuite le bouche à oreille fait le reste. Le motif peut varier : on va fermer l’eau devenue non potable, il faut pulvériser pour les doryphores, les vaches doivent être vaccinées, les chiens restés liés…. Les gamins du village le suivent parfois en se moquant quelque peu de notre homme qui prend sa mission très au sérieux.
Cantonnier
Henri, c’est monsieur Propre du village. Il le connaît comme sa poche. Les filets d’eau et les accotements, c’est son problème. Avec sa pelle, son balai et sa brouette, il veille à la propreté des rues de tout le territoire communal. L’hiver venu, il s’occupe du déblayage de la neige et c’est lui qui jette le poussier sur la glace au grand dam des écoliers. Un petit problème et il accourt. Il a une solution à tout et attention, ne dérangez pas son petit monde car il sait se monter intransigeant. Il prévient et ses remarques sont suffisantes, pas besoin de verbaliser. Si un chemin est obstrué, Henri organise la signalisation, le détournement. En certains cas, il fait aussi office de fontainier et de fossoyeur. Son képi, il ne le porte qu’aux grandes occasions.
Gendarme
Honoré incarne l’ordre, la discipline. Il sait être préventif plutôt que répressif. Les gamins le craignent car son uniforme en impose. De plus il est armé. De temps à autre, il verbalise car il doit faire respecter la loi.
Officier médecin
Georges a revêtu sa tenue de campagne car nous sommes en 1917. Il est avant tout médecin même s’il dépend de la hiérarchie militaire. Il dirige une unité qui soigne les troupes mais qui est surtout sollicitée en temps de conflit. C’est alors que sa fonction est la plus appréciée. De la rapidité de ses interventions, dépend la vie de bien des soldats.
Militaire
Tenue impeccable, képi, ceinturon, gants blancs et bottes de cuir, Albert est au service de son pays. Cet officier sait qu’il doit le défendre au péril de sa vie. Il en a fait serment. Il met un point d’honneur à se tenir en condition physique, à s’exercer au tir, enfin à être prêt quand il le faudra… La discipline et l’obéissance aux ordres sont deux grandes qualités de ce métier.
Facteur
C’est l’ami de tout un chacun, Marcel est appelé encore parfois le « messadgî ». Il va à pied, mais parfois, par beau temps, il prend son vélo car sa tournée peut faire plus de 10 kilomètres et c’est qu’il porte aussi les colis. Début 1900, il est devenu très classe, uniforme, képi, cravate, ont remplacé le sarreau ou le gros paletot. Quant aux chiens, s’il n’a plus de fourche pour les écarter, il s’en méfie toujours, ce ne sera jamais le grand amour avec tous ! Par tous les temps, inlassablement, jour après jour, il fait sa tournée. Elle n’est jamais la même, tout dépend de ce qu’il doit distribuer. Parfois il doit visiter un écart et voilà un détour de 3 kilomètres. Le plus important est le gros sac qu’il porte en bandoulière. Dans chaque maison, car il entre bien sûr, il l’ouvre avec lenteur. Il ne sait pas toujours ce qu’il apporte. Quelque fois, bien sûr c’est la peine, mais il a les mots pour apaiser, consoler. Là, il boit une tasse de café, là une petite goutte, raconte les nouvelles, car il sait tout bien sûr. Il en saura encore un peu plus quand il sortira. Mais cet homme sait ce qu’il peut dire et ne pas dire. S’il est question d’argent, de papiers importants, il s’assied, ajuste ses lunettes et effectue les transactions lui-même sur un coin de table en expliquant gravement ce qui va se passer. L’honnêteté est sa qualité première. Un regard sur sa grosse montre qu’il a au gousset, vite, il faut partir ! Et le voilà sur le chemin, semant la bonne humeur sur son passage. Demain, il reviendra à peu près à la même heure et ce sera un autre jour avec d’autres joies, d’autres peines. Les plus âgés comptent sur lui, car il est serviable, sait faire une commission et donner un coup de main, c’est cela aussi sa vocation ! Merci Marcel.
Douanier
Ah il avait du travail notre homme. Il devait contrôler le trafic avec les pays voisins. Pour notre région, c’était principalement la frontière française qui était concernée. Pas question de frauder. Antoine arrête, vérifie les personnes comme les véhicules. Si vous dépassez la quantité voulue, c’est le procès ? Pour le reste, il faut le déclarer et payer la taxe. Il parcourt les petits chemins de traverse, coupe à travers bois, attend parfois des heures, mais les contrebandiers, il les aura.
Tisseuse
Tisseuse
Dentiste
Dentiste
Marchande de laine
Marchande de laine
Marchande de glace
Glacier
Peintre
Peintre
Accoucheuse
Accoucheuse
Angélux
Angélux
Cordier
Cordier
Marchand de lait
Marchand de lait
Marchand de manches
Marchand de manches
Blanchisseuse
Blanchisseuse
Paveur
Paveur
Pompier
Pompier
Repasseuse
Repasseuse
Souffleur de graines
Souffleur de graines